3 étapes pour bien gérer une conversation

Que fais-tu lorsque tu fais face à une conversation que tu trouves difficile?

Steffan Surdek
30 novembre 2020
Amy hirschi Jao V Gh5a J3 E unsplash

On a tous ces discussions qu’on aimerait éviter. Quand on est dedans, on a juste hâte de sortir ce qu’on a à dire et s’en aller. Mais c'est loin d'être la meilleure façon de faire.

Une grande partie de mon travail lorsque je coache mes clients tourne autour de la communication. Je les aide à avoir les conversations qu’ils n’ont pas actuellement dans leur vie. Dans mon article sur le coût élevé de la dette conversationnelle, j'explique pourquoi c’est si important d'avoir ces conversations.

Une partie de ce que j'enseigne chaque jour est comment utiliser ces conversations difficiles pour créer un changement puissant. Aujourd'hui, nous allons parler des trois étapes à suivre pour gérer efficacement une conversation dans laquelle tu es engagé.

Avant d’entamer la conversation

Prenons un bref instant pour parler de ce qu'il faut faire AVANT d'entamer la discussion avec l'autre personne. Est-ce que ça t’arrive souvent de te précipiter dans une conversation sans avoir une idée claire de la direction à prendre? Que se passe-t-il pour toi lorsque tu le fais?

C’est mieux de prendre le temps de se préparer, se recentrer et identifier ton intention pour la discussion. As-tu de la clarté sur la situation ou le problème dont tu veux parler? Quel est le résultat que tu recherches?

Prendre juste quelques minutes de préparation avant t’aidera à te sentir plus centré et plus confiant. Tu pourras également mieux orienter la conversation dans la direction que tu espères.

Tout cela étant dit, parlons des trois étapes que tu peux suivre pour garder une conversation constructive une fois que tu es dedans.

Étape 1 : Remarquer ce qui se passe

La première étape à suivre est d'être curieux et plus conscient de ce qui se passe dans la conversation.

Remarque les choses que tu dis et comment tu les dis. Tes mots et ton ton de voix sont-ils alignés avec l'intention que tu as identifiée dans ta préparation? Si oui, parfait. S’ils ne le sont pas, que dois-tu faire pour t’ajuster?

La prochaine chose que tu peux remarquer est comment la personne est en train de recevoir ce que tu es en train de dire. L'autre personne est-elle à l’aise ou a-t-elle une réaction négative? Que te communiquent son langage corporel, ses mots et son ton de voix?

Remarque comment tu es en train de recevoir ce que l'autre personne te dit. Est-ce que tu écoutes pour comprendre, ou est-ce que tu écoutes pour mieux attaquer ses points? Qu'est-ce que tu comprends de ce que l'autre personne dit? Qu’est-ce que tu présumes?

Trouves-tu qu’il s’agit d’une conversation bidirectionnelle? Des fois, tu peux avoir l’impression de ne pas être dans la même conversation du tout, comme si vous viviez dans deux réalités complètement différentes. Même si tu es en désaccord sur certains points, peux-tu voir comment ça peut lui sembler vrai de son point de vue?

L’étape de remarquer peut sembler comme beaucoup de travail, mais c'est probablement parce que tu n’as pas l'habitude de le faire. Au début, ça va sembler difficile de remarquer certaines de ces choses-là. Plus tu le fais, plus ça va devenir une seconde nature pour toi.

Étape 2 : Élever la conversation

L'étape suivante est la plus difficile à apprendre et à appliquer lors d'une conversation difficile.

Il existe différentes façons d'élever une conversation. La première est de faire de la place pour les émotions. Les coachs utilisent souvent le terme « tenir l’espace » pour les autres. Ce que ça veut dire, c'est créer un espace sécuritaire où les gens peuvent exprimer leurs émotions sans jugement. Tu dois respecter que certaines choses vont sortir par frustration ou par colère et qu’il ne faut pas le prendre personnellement.

Si la conversation devient trop chargée émotionnellement, un bon outil est de revenir à ton intention et essayer de recommencer. Cette approche pourrait être : « OK, on est tous les deux un petit peu trop chargés émotionnellement en ce moment. Ce n'est peut-être pas le bon moment pour avoir cette conversation. On pourrait prendre une pause, puis réessayer dans quelques jours? »

Un autre aspect de tenir l'espace est d'éviter les attaques personnelles et les jugements. Ça peut être difficile! Des fois quelqu’un peut s'échapper, mais la façon dont tu y réagis est ce qui élève la conversation. Si tu évites d’y répondre ou si tu les nommes doucement, éventuellement l’autre personne va arrêter.

Élever la conversation, c’est aussi défier ce qui est dit si tu sens que c’est incorrect ou injuste. Quand tu challenges quelqu’un, c'est important de s’en tenir aux faits, pas aux opinions subjectives. Des mots comme « toujours » et « jamais » sont des invitations à se faire challenger.

Quand tu as une conversation difficile, tu peux facilement rester pris dans tes émotions et ton point de vue. Quand ça arrive, tu oublies que chaque personne a sa propre façon de voir le monde. Dans certaines situations, ça peut créer la possibilité où tout le monde a raison. Ça dépend juste de comment on regarde la situation.

Pour élever la conversation, accepte et exprime les différences dans vos perspectives. Si tu peux voir où vous avez tous les deux raison dans ce que vous dites, ça devient plus facile de trouver une solution qui fonctionne pour tout le monde.

Tu peux aussi élever la conversation en ayant le courage de nommer les non-dits. Parfois, on se trouve à tourner autour du pot au lieu de nommer les vraies choses qui ont besoin d'être nommées.

Le secret ici est comment tu vas encadrer ce que tu veux dire. Demande d’abord la permission. « Est-ce que c'est correct si je nomme quelque chose qui est potentiellement inconfortable? » Une fois que tu as la permission, dis ce que tu as à dire de la façon la plus respectueuse possible. Il faut avoir du tact, mais rester honnête.

Une autre façon d'élever la conversation est de reconnaître les bonnes intentions ou les efforts positifs de l'autre personne. Ça peut les aider à sentir que tu reconnais les points positifs et pas seulement les points négatifs.

Étape 3 : Rappelle-toi que c'est juste une conversation

La dernière étape est de se rappeler qu'une conversation difficile peut être comme n'importe quelle autre conversation. Plus souvent qu'autrement, ce qui rend une conversation difficile est le sens et la difficulté que nous y attachons.

Quand tu y penses, n'importe quelle conversation a le potentiel de devenir difficile à tout moment. La différence, c'est l'anticipation et l'anxiété qui apparaissent quand on veut aborder un sujet sensible.

J’adore cette citation de Steven Segal : « L'anticipation de la mort est pire que la mort comme tel. »

Ce que j’essaie de dire, c'est : ne transforme pas la conversation en quelque chose de plus gros dans ta tête que ce que c’est. Une des choses clés pour créer une conversation est de cadrer la conversation dès le départ. Si c'est une conversation difficile pour toi, tu peux le nommer au début de la rencontre.

Pour le faire, tu peux dire quelque chose comme : « Cette conversation ne va pas être facile pour moi. Peut-être que je vais dire des choses de la mauvaise façon. Est-ce que tu pourrais être patient avec moi si ça arrive? »

J’imagine certains d’entre vous qui grimacent à l’idée d'utiliser cet exemple! Trouve des mots qui résonnent pour toi. L'idée est que montrer de la vulnérabilité aide beaucoup à rendre une conversation un peu plus facile.

Donc rappelle-toi que souvent, une conversation difficile va être aussi difficile que tu choisis de la rendre. Cela s'applique avant, pendant et après la conversation!

Conclusion

Avoir des conversations authentiques est un art, mais la bonne nouvelle est que tu peux l'apprendre. Continue à pratiquer et sois patient envers toi-même. C’est normal de ne pas tout faire parfaitement du premier coup!

Tu commenceras à voir que tu crées plus d'ouverture pour un vrai dialogue lorsque tu es aligné avec ton intention et que tu écoutes l'autre personne.

Accepte les émotions qui vont sûrement apparaître. Tiens l'espace pour que l'autre personne s'exprime sans jugement. Il s'agit aussi en grande partie d'être courageux et de nommer les non-dits.

Il y a de fortes chances que la conversation soi-disant « difficile » se révèle beaucoup plus facile que tu t’y attends.

Comment vis-tu actuellement les conversations difficiles dans ta vie? Comment les avoir d'une manière différente pourrait-il te faciliter la vie?