Mon fils joue aux quilles dans une ligue junior tous les samedis matin. Il a commencé à jouer l’an passé, et depuis nous avons pris l’habitude de jouer aux quilles ensemble chaque dimanche soir. Un des avantages indirects, c’est tout ce temps où nous pouvons nous raconter ce qui se passe dans nos vies.
Puisqu’il adore le bowling et que nous jouons chaque semaine, il s’est grandement amélioré au cours de la dernière année. Mon défi, c’est maintenant d’arriver à le suivre. Mon besoin n’est pas de le battre, mais plutôt de faire en sorte que ce soit encore intéressant et stimulant pour lui.
Il y a environ un mois, j’ai demandé à un de ses coaches de me donner des leçons afin de m’aider à améliorer ma performance aux quilles. Au cours de ma première séance de coaching, je me suis rappelé qu’il est très important pour un coach d’être en mesure de se mettre dans la peau de l’apprenant.
Lors de cette première soirée de coaching, je me suis souvenu de leçons importantes. En voici quelques-unes :
J’ai commencé à jouer aux quilles quand j’étais adolescent. J’y jouais occasionnellement avec mon père et ma tante. Personne ne m’a enseigné la bonne technique ; j’ai appris par moi-même au fil du temps.
Depuis l’an passé, j’ai ma propre boule de bowling, ce qui fait que je n’ai plus besoin d’utiliser les boules de quilles maison. Ça signifie aussi que j’ai eu à apprendre la bonne technique pour utiliser cette boule.
Lorsque j’ai fait appel aux services du coach, c’était pour apprendre à lancer ma boule de quilles correctement et aussi pour améliorer mon score. Au cours de ma première séance de coaching, à titre d’apprenant, j’ai réalisé rapidement qu’il y avait plusieurs choses que je ne savais pas que je ne savais pas.
Lors de cette première séance, nous nous sommes concentrés sur les quatre pas précédant le lancement de la boule. La partie la plus pénible, c’était de désapprendre la façon dont je me suis habitué à faire ces quatre pas. C’était une situation difficile et aussi inconfortable.
La séance de coaching m’a appris qu’il faut être curieux et souhaiter apprendre de nouvelles choses lorsqu’on est un apprenant. Si on arrive en pensant qu’on sait déjà tout et qu’on fait tout correctement, à quoi ça sert alors d’avoir du coaching ?
Faire preuve de curiosité, ça veut dire qu’on veut apprendre quelque chose de différent. Ça veut aussi dire qu’on veut apprendre nos mauvais plis et ce qui nous motive.
Le paradoxe ici, c’est que la curiosité s’applique autant au coach ou à l’enseignant. Qui est donc cette personne à qui on enseigne ? Que sait-elle ? Qu’est-ce qu’elle ne sait pas ? Est-ce une personne souhaitant apprendre et recevoir des services de coaching ? Jusqu’où doit-on aller dans son enseignement ? Que garde-t-on en réserve histoire de piquer sa curiosité ?
Pendant mes séances de coaching au bowling, je joue librement ; c’est-à-dire sans cadres ni scores. Ainsi, tout ce que je fais, c’est prendre ma boule et la lancer. Mon coach me rappelle souvent que le but des séances, c’est de se concentrer sur la technique et non sur le nombre de quilles abattues.
C’est en se pratiquant et en se concentrant sur la technique qu’on arrive à l’intégrer encore plus. On apprend de nouvelles choses et le mouvement devient de plus en plus naturel. L’intégration de la technique permet au malaise éprouvé au début de se dissiper.
Pour ce faire, j’ai aussi espacé la fréquence de mes séances aux 2 ou 3 semaines. Ainsi, ça me laisse quelques dimanches pour me pratiquer par moi-même et intégrer ce que j’ai appris.
Ce qui m’a le plus surpris après deux séances de coaching, c’est ma capacité à rire de moi. Dans ce cas-ci, mon apprentissage est entièrement optionnel puisque je joue aux quilles pour le plaisir. Puisque c’est une activité que j’ai choisie, je choisis aussi de m’amuser en le faisant.
Au cours de ma première leçon, quand je me trompais dans mes pas, je passais proche de trébucher et de tomber. Parfois, mon coach étendait son bras pour représenter une barre virtuelle sous laquelle garder la boule. Chaque fois que la boule touchait son bras, ça freinait mon élan ainsi que mon lancer. J’avais alors deux options : me fâcher ou en rire.
Dans un autre contexte d’apprentissage, il y a de cela quelques années, je me suis inscrit à du patinage de vitesse sur piste courte. Je suis bon sur des patins de hockey, mais une fois sur la patinoire patins de piste courte aux pieds, c’était comme si je n’avais jamais patiné de ma vie ! J’étais presque gêné !
Les gens croient souvent qu’une fois leur apprentissage amorcé, ils deviendront rapidement des experts. Le problème, c’est que les apprentis passent souvent par une courbe d’apprentissage en « J ». Ils doivent aller au bas de la courbe avant de voir une amélioration !
Une part du rôle des leaders, coaches ou même gestionnaires, c’est d’augmenter la capacité de leurs équipes. Autrement dit, il faut qu’ils soient des enseignants pour les gens qui les entourent.
Il est facile de juger les gens lorsqu’on oublie ce que c’est que d’être un apprenant. Ils sont nuls ! Pourquoi ne comprennent-ils pas ? Pour être un bon prof, il faut se rappeler comment on se sent quand on apprend quelque chose de nouveau.
Dites-moi, quand avez-vous été un apprenant pour la dernière fois ? Comment c’était d’apprendre quelque chose de nouveau ? À titre de leader, comment pouvez-vous utiliser ce sentiment pour mieux comprendre les gens autour de vous qui sont en apprentissage ?