Je discute et j’écris beaucoup à propos du leadership co-créatif ces jours-ci. Quand les gens me demandent de nommer les principales caractéristiques d’un leader co-créatif, j’énumère généralement les cinq habiletés suivantes :
Cet article est le premier d’une série qui explorera chacune des habiletés essentielles que les leaders co-créatifs doivent posséder.
La première habileté que nous explorerons ensemble, c’est la façon d’être une voix parmi plusieurs dans la conversation.
Qu’arrive-t-il quand tu te mets à parler lors d’une rencontre? Est-ce que la conversation s'arrête et les gens se tournent vers toi? Te sens-tu obligé de parler en dernier pour que tous aient la chance de dire ce qu’ils ont à dire? As-tu déjà remarqué que quand tu fais cela, tu conserves le marteau et tu as toujours le dernier mot, mais de façon différente? Avoir le dernier mot est une des formes d’influence que tu as.
Pendant deux semaines, prends le temps de mesurer l’effet de ce que tu dis durant tes rencontres. Au moins une fois par jour, réfléchis aux rencontres auxquelles tu as pris part.
Remarque ce que tu as dit et l’effet que ça a eu. Était-ce l’effet que tu voulais produire? Qu’aurais-tu pu faire ou dire différemment ?
Commence à remarquer ton impact pendant quelques semaines, mais ne change rien tout de suite. Rends-toi compte de ton véritable impact et valide ce que tu auras remarqué en questionnant les autres.
Commence à effectuer des changements seulement quand tu as une meilleure compréhension de l’effet que tu produis. Effectue de petits changements et, pour chacun d’eux, mesure ce qui arrive avant d’en apporter un autre.
Le changement peut s’amorcer facilement, par exemple en invitant le groupe avec lequel tu es à remettre en question tes idées et à ne pas considérer ta contribution comme une décision définitive.
Tu peux également soutenir davantage les idées des autres plutôt que de mettre tes propres idées sur la table. L’essentiel, c’est que tu sois plus conscient de ce que tu fais.
Une autre forme de conscience de soi passe par le fait de remarquer ta contribution aux conversations. Dans les rencontres de groupe, qu’arrive-t-il quand tu dis quelque chose? Est-ce que ça aide la conversation à aller de l’avant? Est-ce que ça la fait s’arrêter net? Est-ce que ça occasionne des distractions?
Je travaille souvent avec des groupes qui incluent beaucoup de blagues et de sarcasme dans leurs rencontres. Quand je les questionne à ce propos, ils me disent souvent que je suis trop rigide et que je manque d’humour.
Mais la question à se poser, c'est : quel est l’effet du sarcasme ? Est-ce vraiment une blague ou est-ce un message subtil destiné à quelqu’un dans la pièce? Est-ce que ça aide la conversation à avancer ou est-ce que ça la fait dérailler?
La suggestion que je fais aux équipes, ce n’est pas d’être rigides et dépourvues d’humour. Je leur demande de partager la responsabilité de rendre la conversation utile et productive. Je leur demande également d’élever le niveau de leurs discussions pour aller au-delà des blagues et du sarcasme.
N’oublie pas, le niveau des discussions qui ont lieu est en partie une réflexion de toi en tant que leader. Prends le temps de comprendre comment contribuer aux rencontres.
Si tu es parmi les perturbateurs, examine de plus près pourquoi c’est le cas. Est-ce que ton inconfort personnel face à une situation te pousse à agir d’une certaine façon ou à dire certaines choses?
À titre de leader, tu devrais commencer à prendre ta part de responsabilité face à ta contribution aux rencontres. Ça donnera l’exemple aux autres, en plus de te faciliter la tâche quand tu dois sensibiliser les autres.
Les leaders co-créatifs ont aussi besoin de reconnaître la contribution des autres dans les rencontres. Comment soutiennent-ils la conversation? Comment permettent-ils aux autres d’apporter leur contribution? Quelle est la qualité de leur écoute?
Si tu vois des comportements que tu apprécies, prends le temps de les signaler à haute voix. Ça donne des exemples concrets auxquels les autres peuvent s’identifier. Ça fournit également de la reconnaissance et de l’appréciation aux gens mentionnés dans tes exemples.
Valoriser la contribution est aussi une question de porter une attention particulière à ce que les gens disent. Quand quelqu’un apporte une idée intéressante, concentre-toi sur la façon dont le groupe peut rebondir sur celle-ci.
Quand de nombreuses personnes intelligentes sont présentes à une rencontre, l'un des défis est que plusieurs veulent que leur idée l’emporte. Alors, plutôt que de reconnaître la valeur d’une idée qui est proposée, certaines personnes passent par-dessus et poussent leur propre idée.
Quand tu vois de telles situations survenir, aide le groupe à s'en apercevoir et à se concentrer sur une idée à la fois.
Je réalise que ce que je demande est à la fois très facile à dire et potentiellement difficile à faire dans la vraie vie. Tu remarqueras qu’accomplir certaines de ces choses demande de l’humilité et du courage.
Tu pourrais ne pas trouver facile que tes idées soient remises en question. En fait, tu pourrais être en train de réagir à ces remises en question en ce moment même, et ça ferait partie de l’influence que tu as. Ça pourrait également ne pas être facile pour toi d’inviter ton équipe à le faire, puisque ça montrerait de la vulnérabilité.
En tant que leader, améliorer ta contribution personnelle peut être inconfortable. Tu auras besoin de courage, de vulnérabilité et de patience.
Voici la chose la plus importante que j’aimerais que tu retiennes : tu es en position de leadership pour une raison, que ce soit en raison de ton expérience de travail, de tes aptitudes ou autre chose.
Bien que le servant leadership soit d’être au service des autres, tu n'as pas besoin de te retenir tout le temps. Tu dois être capable d’être une voix parmi d'autres dans les conversations, pas la voix qui a le dernier mot.
À quel point es-tu une voix parmi d'autres dans les conversations qui ont lieu au sein de ton organisation? Qu’est-ce qui pourrait être différent si tu étais une voix qui active le leadership co-créatif?
Cet article est traduit d'un article publié sur forbes.com au travers du Forbes Coaches Council en septembre 2017.